PANNEAU MEMORIEL

L’école des filles

 

 En 1867, les communes de plus de 500 habitants sont tenues d’avoir une école de filles. La commune demande immédiatement à être dispensée d’en ouvrir une, faisant valoir que depuis longtemps les dames religieuses de la Providence de Séez ont établi à Trun une maison d’éducation libre, « mais bien tenue, suffisante à tous les besoins et où ces dames reçoivent, sans rétribution, toutes les petites filles pauvres qui leur sont présentées ; qu’ainsi, la commune de Trun a le bénéfice de la gratuité, sans en avoir les charges, puisqu’elle ne verse, chaque année, à ces dames, à titre d’indemnité, qu’une somme de cent trente francs environ, dont elles se contentent ».

Cet arrangement de la commune de Trun avec la loi ne satisfait pas du tout les autorités qui demandent expressément qu’il y soit mis fin par l’acquisition d’un local pour l’école publique de filles. En 1885, le préfet de l’Orne constate que les filles accueillies gratuitement sont mises dans une classe séparée des élèves payantes, ce qui est contraire à la loi sur la gratuité et que cela ne peut pas durer plus longtemps. Il demande à la commune d’aménager le local qu’elle loue dans l’hospice. Ne pouvant plus tergiverser, le conseil municipal fait savoir qu’il est d’accord pour équiper ce local pour la rentrée prochaine. L’école publique de filles sera effectivement ouverte en juin 1886 dans ce bâtiment de l’hospice qui est aujourd’hui la chapelle. Il est procédé à la fabrication de 10 bancs et de 3 chaises et à l’achat de 2 cartes, une de France et une d’Europe, ainsi que d’un tableau. Très vite, ces premiers investissements sont complétés par l’achat de deux autres tableaux, d’une mappemonde, d’un « système métrique », et par la fabrication de tables et de bancs supplémentaires.

Mais l’installation de l’école publique de filles dans le bâtiment de l’hospice ne plaît pas aux autorités étatiques.

Par un courrier en date du 11 janvier 1892, le sous-préfet d’Argentan rappelle au maire de Trun que la commune a l’obligation d’avoir une école de filles et demande qu’un bâtiment soit construit à cet effet. Le conseil municipal réitère

ses objections en rappelant qu’il existe bien une école de filles à Trun et qu’une autre construction lui semble inutile et engendrerait des dépenses insupportables pour la commune qui s’est endettée par les derniers investissements réalisés. Ce qui irrite profondément le sous-préfet qui, par courrier du 16 janvier 1901, met le maire d’avoir à produire, avant le 20 février 1901, un projet définitif pour l’installation de l’école publique. Dans une lettre adressée au sous-préfet d’Argentan, le sieur Boiteaut, horloger à Trun, se plaint de l’insalubrité de l’école laïque actuelle et l’informe que « la majorité du conseil municipal, malgré son étiquette républicaine, est opposée à nos institutions et à la prospérité de l’école laïque, favorisant l’école privée ».

Les propos de l’horloger Boiteaut sont vivement contestés par le conseil municipal qui décide toutefois de procéder à l’achat d’un terrain situé route de Vimoutiers, d’une superficie de 42a 50ca, appartenant à Monsieur Forget, pour le prix de 8 800 francs, et de demander à Monsieur Leruculer, architecte, d’établir des plans de la future école. Une clause particulière est mise à cet accord, celle de procéder en même temps, en une seule opération, à la construction de la nouvelle mairie à la place de l’actuelle qui doit être démolie.

L’inauguration a effectivement lieu en même temps que celle de la mairie, le

dimanche 27 septembre 1903.

Il n’y a pas de sanitaires dans les écoles. Du matériel d’hygiène est installé en

1930 dans les écoles publiques par « L’Hygiène par l’Exemple » pour un coût

de 21 000 francs, avec l’obligation d’inculquer aux enfants les idées de l’hygiène.

L’école des filles est détruite en août 1944. L’occupant y a stocké des munitions de guerre qu’il fait volontairement exploser lors des bombardements alliés.